L’atelier se situe au centre du village de Fontevraud l’Abbaye
Toutes les œuvres proposées en plusieurs exemplaires sont multipliées suivant la technique du 14ème siècle dite d’« enluminure au cache » ou d’« enluminure d’Art au pochoir ».
ans en 2024 !
Les caches sont conçus, dessinés, gravés et mise en couleur à la main
L’atelier
Face à un parc, et jouxtant une chapelle du 13ème siècle, l’atelier se situe au centre du village de Fontevraud L’Abbaye, célèbre pour son abbaye royale du 12ème siècle, une des plus grandes d’Europe.
Le village est au cœur du parc national Loire Anjou Touraine, du Val de Loire classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, au sein de la Vallée des Rois.
Fontevraud l’Abbaye est à 15 km de Saumur entre Tours et Angers, accessible en train depuis Paris via Saumur ou par autoroute via Le Mans ou Tours.
L’atelier est ouvert au public et bénéficie d’une salle d’exposition invitant le visiteur à s’initier à cet art grâce à la variété des œuvres exposées.
Historique
L’enluminure ou l’art d’éclairer le texte sur un support mobile apparaît en Égypte ou déjà des peintres illustraient le « livre des morts » sur des rouleaux de papyrus. La production de ce qui était écrit et éventuellement enluminé pendant les empires Égyptiens, Grecs et Romains était alors bien supérieure à ce qu’elle sera au moyen âge.
C’est toutefois à cette période que les moines puis les artistes laïcs, notamment à partir du XII siècle et le développement des universités, en firent un art a son apogée.
La peinture sur livre tomba en désuétude avec l’invention de l’imprimerie. Toutefois, quelques peuples comme les Juifs, principalement pour les Haggadot (textes liés a la pâque juive), les Chrétiens Éthiopiens, les Arméniens… continuèrent à calligraphier et enluminer des manuscrits en quantité et en qualité.
Le monde musulman, la Chine et les Mayas eurent aussi une production importante qui permet de relever l’universalité de cet art et sa variété.
L’art d’honorer le verbe est aussi un art d’aujourd’hui.
La technique du pochoir apparaît au 14ème siècle, soit près d’un siècle avant l’invention de la lettre mobile par Gutenberg, pour la mise en couleur de calendriers, d’images pieuses et de cartes à jouer. Le trait est imprimé après avoir été gravé sur bois. Aujourd’hui, lorsque l’impression du trait est inévitable, l’impression typographique, gravure du trait en relief avant encrage et impression, est privilégiée par l’atelier.
Les caches ou patrons en carton étaient durcis puis découpés au canivet. C’est à cette époque un art populaire souvent pratiqué à la maison en ateliers et en famille.
La technique est utilisée pendant la seconde moitié du 15ème siècle pour la mise en couleur de quelques incunables, nom donné aux livres imprimés jusqu’en 1500, à partir du 16ème siècle sur des affiches. Le savoir-faire gagne en finesse et en sophistication avec l’apparition des premiers caches métalliques fin 17ème siècle.
Sûrement moins universelle que la peinture sur livre, on peut noter toutefois au 19ème siècle une très belle production en Russie, au Mexique, en Europe et notamment en France où Paris compte à cette époque une centaine d’ateliers.
S’ils se consacrent aussi a la reproduction d’œuvres de grands artistes de l’époque, l’essentiel de leur activité dans la première moitié du 20ème est dévolue a la mise en couleur de livres d’art imprimés à quelques centaines d’exemplaires ainsi qu’à des gravures de mode pour de grands couturiers. On parle alors d’enluminure d’art au pochoir et l’excellence de certains enlumineurs coloristes et ateliers est recherchée.
L’atelier Jacomet en France bénéficie d’une réputation qui dépasse nos frontières..
Le « Traité d’Art d’Enluminure au Pochoir » édité en 1925 par Jean Saudé à 500 exemplaires, dont les illustrations sont mises en couleur à la main, est une référence internationale.
On peut aussi noter une exploitation plus modeste du savoir-faire pour la mise en couleur manuelle de cartes postales, faire-parts de mariage, de naissance, de menus…
Les techniques mécaniques de multiplication vont sonner le glas de l’enluminure au cache. Aujourd’hui, l’Atelier Festina Lente est le dernier atelier en France et Europe.
Technique et matériaux
Points communs au pinceau et au cache, pigments et colles naturelles, papier pur coton sans clore ni acide, permettent aux couleurs et aux documents ainsi réalisés une tenue exceptionnelle dans le temps.
Or en feuilles vont relever de leur éclat certaines oeuvres. Si plumes et pinceaux sont les outils de mise en couleur pour la peinture sur livres, les brosses-pompons de l’enlumineur-imagier ont un diamètre de 35 à 54 millimètres.
Les brosses sont fabriquées avec de la soie de porc dans les poils sont arrachés à la main, préservant ainsi la « fleur du poil », gage d’une mise en couleur minutieuse, délicate et variée. La base des poils est plongée dans la cire, le tout étant cerclé d’une pièce de cuivre.
Le pigment s’infiltre dans les poils de la brosse dès sa première utilisation. Malgré un nettoyage délicat, la première couleur utilisée influera sur la suivante. Il faut donc une brosse par couleur.
Les caches sont en métal et gravés à la main à l’aide d’un canivet. Il faut de 1 à 6 caches par couleur et de 10 à 60 caches par image.
Après une décomposition de l’image, copie d’ancien ou création, il faut élaborer et dessiner autant de dessins que de caches nécessaires. Ceux-ci doivent être parfaitement conçus puis gravés avant la mise en couleur. Chaque cache nécessite entre deux et trente heures de gravure suivant sa sophistication et sa finesse.
La mise en couleur d’un cache demande de 2 à 90 minutes par exemplaire. Ce temps dépend de la préparation de la couleur, de l’effet de couleur désiré, de la nature du cache. (finesse, fragilité, sophistication…)
Ces divers éléments techniques influent sur la manipulation de la brosse pompon. Les subtilités du geste sont donc infinies et doivent être maîtrisées et mémorisées avant la mise en couleur de la série.
L’erreur ne pas corrigeable, le retour en arrière n’est pas possible. Les caches autorisent rarement de séries supérieures à 150 exemplaires. En fonction de l’intensité et de la consistance désirée de la couleur, de 1 à 3 passages par cache sont nécessaires.
Les œuvres proposées par l’atelier ont nécessité de deux mois à trois ans de travail pour une moyenne de 80 exemplaires.
La mise en couleur entièrement manuelle, cache par cache, exemplaire par exemplaire, assure à chacun d’entre eux une réelle unicité. Des détails complexes et fins de certaines œuvres peuvent être peints à la plume ou au pinceau.
Tous les exemplaires sont vérifiés une dernière fois avant d’être numérotés et signés.
Conclusion
Les spécificités de l’enluminure d’art au pochoir, la qualité des matériaux et l’absence de mécanisation font qu’aujourd’hui et depuis 1994, les œuvres signées Richard Leray- Atelier Festina Lente réjouissent dans une trentaine de pays les collectionneurs exigeants et les amateurs d’imprimerie d’art et d’enluminure pour qui tradition et authenticité sont les garanties de la qualité qu’ils recherchent. Inventeur d’une formation professionnelle, celle-ci a été enregistrée sous le numéro 52 49 02098 49 auprès du Préfet de la Région Pays de la Loire en date du 23 mai 2005.
Bien qu’elle ait été nommé différemment depuis le 14ème siècle, « faiseur d’hystoires », dominotier, enlumineur-coloriste, mon activité est aujourd’hui inscrite sur la liste des 281 métiers d’Art par l’INMA, Institut National des Métiers d’Art, sous le nom d’Imagier au Pochoir.